S’il est un débat qui déchaîne les passions entre ergonomes et webdesigners c’est bien celui de l’utilisation ou non des grilles… Il a ses partisans, parfois intégristes, et ses détracteurs, souvent narquois (dubitatifs, largués, etc.).
Mais avant tout, qu’est-ce qu’une grille ?
Il s’agit d’une structure ou combinaison de lignes servant à faciliter le positionnement des éléments d’une créationpeux-on lire sur la couverture du livre dédié au sujet de chez Pyramyd Edition. En d’autres termes, il s’agit de guides définissant les zones d’expressions d’un espace et aidant à sa structuration, à son organisation, à son homogénéisation.
Je m’explique. Les grilles permettent de visualiser des masses et des lignes de forces dans vos mises en pages et permettent de créer des modèles de pages. Utiliser des grilles, c’est s’assurer d’avoir une mise en page harmonieuse, équilibrée et récurrente. Bref, cela permet d’initier un principe de lecture de la page et de le conserver, de la faire vivre. A priori donc, il s’agit d’une aide à la création intéressante…
Récit de vie : vous discutez avec le créatif qui vient de réaliser la maquette d’un futur site WEB et vous vous rendez compte qu’en plus de n’avoir pas respecté les 960px de large de votre schéma de principe, il ne comprends pas votre question : « c’est bien ton design, j’aime beaucoup… par contre, j’arrive pas à voir le sens de lecture de la page… tu peux me montrer ta grille ? » Vous notez en passant le compliment énoncé en début de la demande… important pour la suite de la discussion ! A cette question, vient alors l’incompréhension du créatif : « la quoi ?… » Vous expliquez brièvement. Vous vous rendrez compte qu’il ne sait pas ce qu’est une grille de création : « non, tu n’utilises pas de grille pour tes créations ? » Réponse : « mais pour quoi faire ? Ça sert à rien !« . Vous lui expliquez plus précisément l’utilité de la chose et argumentez en affirmant que de nombreux graphistes l’emploient : « c’est dingue ça ! On te la pas enseigné aux Beaux-Arts ?!« . La discussion tourne rapidement à la guerre de tranchée : « n’importe quoi, comment veux-tu être créatif avec un truc pareil ! N’importe quoi. Déjà que le WEB c’est chiant (NDLR : pleins de contraintes), alors si tu t’y mets avec tes histoires, on va pas s’en sortir…« .
Un débat animé s’ensuit, confrontant deux conceptions de la manière d’être créatif… mais un débat sans issue.
J’ai moi-même été dur à convaincre. Ancien webdesigner reconverti à la conception WEB, les grilles, selon moi, étaient soit destinées au print (chemin de fer) : soit trop contraignantes pour réaliser des webdesigns intéressants. Bref, une méthode à utiliser pour les blogs, supportant des webdesigns très contraints et standardisés.
A force de confrontation, j’ai moi-même changé d’option. Notamment grâce à la lecture de Grilles d’Ambrose/harris. Ce livre est assez convainquant pour les versions imprimées des grilles.
Deux exemples tirés du livre :
– sens de lecture d’une page : les zones actives et passives d’une création sont déterminer pour le placement des éléments mais également par le jeu de contraste et de taille. Ces jeux permettent de créer des guides de lecture incitent un parcours type sur la page. La lecture à l’écran n’est donc pas seulement réduit à un schéma en F ou en N. Le parcours d’une page WEB se déroule de la même façon qu’une page imprimée à la recherche de mots-clefs ou d’éléments intéressant le lecteur. Le concepteur peut assister le lecteur dans ce processus par la mise en relief d’éléments textes et/ou graphiques. ;
– la proportion : cela permet de créer une dynamique entre les divers éléments d’une création.
Ce livre est toutefois nettement moins pertinent pour les sites WEB. Ceci me fait penser que les grilles sur WEB ne sont pas arrivées à maturité suffisante pour faire l’objet d’un livre irréprochable. On trouve cependant quelques webdesigners puristes qui prônent sur le Net les grilles de 12 ou de 16 colonnes (cf. http://960.gs/). Toutefois, je préfère une méthode empirique de construction de grille.
Que retenir des grilles ?
Dans ma pratique, les grilles me servent pour positionner les éléments constitutifs d’une page. En général, je fixe ma création à 960px et je travaille dans ce cadre sur la page d’accueil du site. Une fois les éléments placés, j’adapte une grille plus fine en fonction. Cela me contraint ainsi à créer une grille et à déplacer ces éléments. Une fois cette grille en place, je m’y tiens pour les autres gabarits des pages.
Pour moi, cette méthode permet de se doter de guides servant à harmoniser et à structurer la mise en page d’un site sans pour autant contraindre la maquette dans des colonages qui deviennent repérables à force d’être utilisés sur le WEB.